Dilution    Flo Jaouen – Alexandre Petrovski Darmon  Jaky La Brune – Jean-Marc Trimouille  Marie Pernet – Vogel Apacheta Dilution Flo Jaouen – Alexandre Petrovski Darmon Jaky La Brune – Jean-Marc Trimouille Marie Pernet – Vogel Apacheta - Mit freundlicher Genehmigung von: artfresnes94

Was: Ausstellung

Wann: 16.05.2024 - 20.07.2024

Flo Jaouen – Alexandre Petrovski Darmon Jaky La Brune – Jean-Marc Trimouille Marie Pernet – Vogel Apacheta

Les habitués de nos expositions auront peut-être remarqué que, pour celle-ci, les exposant(e)s ne sont pas présenté(e)s dans l’ordre alphabétique de leur nom. Ce n’est pas un hasard. C’est le propos même de cet accrochage que de montrer, à travers les œuvres de six…

Flo Jaouen – Alexandre Petrovski Darmon Jaky La Brune – Jean-Marc Trimouille Marie Pernet – Vogel Apacheta

Les habitués de nos expositions auront peut-être remarqué que, pour celle-ci, les exposant(e)s ne sont pas présenté(e)s dans l’ordre alphabétique de leur nom. Ce n’est pas un hasard. C’est le propos même de cet accrochage que de montrer, à travers les œuvres de six peintres, comment l’image réaliste et la forme immédiatement reconnaissable peuvent se diluer – se dissoudre – au profit de propos qui ne perdent rien de leur pertinence ni de leur acuité.

Chez Flo Jaouen, une narration rigoureusement figurative requiert un processus d’implication du spectateur dans la lecture de l’œuvre. Pour Alexandre Petrovski Darmon, les corps humains, toujours lisibles, s’hybrident avec une végétation envahissante et nostalgique, tandis que, chez Jaky La Brune, ils se muent en animaux monstrueux, images des conflits internes de l’artiste. Chez Jean-Marc Trimouille, la réalité d’une nature luxuriante se dissout dans des formes qui évoquent les travaux des impressionnistes. Marie Pernet pousse encore plus loin ce travail d’abstraction en éliminant tout détail réaliste pour ne laisser subsister qu’une atmosphère générale chaleureuse et ludique. Enfin, Vogel Apacheta raconte des histoires à lectures multiples sans recourir au moindre élément figuratif immédiatement identifiable.

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Les œuvres de Flo Jaouen s’inscrivent dans le courant de la Figuration narrative. Ses peintures ne se limitent cependant pas à figurer des postures ou des actions, à relater des histoires, mais attachent une grande importance à la représentation des états d’âme, de l’intériorité des personnages qu’elles mettent en scène. Elles se présentent ainsi comme des huis-clos, des surfaces-frontières, des zones de dialogue entre conscience et inconscience, entre repli sur soi et ouverture vers les autres, entre identité et altérite. Tout ceci au-delà d’une fausse naïveté, vite déjouée par le spectateur qui navigue entre familiarité et étrangeté, sans qu’aucun élément de la composition, pris isolément, n’ait un caractère dérangeant. C’est leur juxtaposition qui crée ces atmosphères où tout peut survenir. Ce n’est pas pour rien que les récentes peintures de Flo Jaouen portent pour titre Qu’est-ce qu’on attend ? L’artiste n’apporte pas de réponse à cette interrogation mais, par le biais de multiples tensions physiques et mentales, sollicite la curiosité et l’imagination du spectateur pour formuler la sienne. L’artiste revendique d’ailleurs ce processus d’implication de regardeur dans le décodage de l’œuvre : « Je souhaite que le spectateur se pose des questions, décrypte un message. »

Les grandes toiles d’Alexandre Petrovski Darmon figurent des personnages ou des paysages souvent empruntés à la peinture ancienne ou faisant référence à la mythologie ou à l’utopie d’une Arcadie définitivement perdue. Mais ces sujets sont défigurés par un traitement apparemment violent, certainement très gestuel, qui vise à en dissoudre les formes, au point, le plus souvent, de les rendre quasiment méconnaissables en première lecture. Le peintre considère que ses œuvres sont des pièges à regard, des camouflages, des labyrinthes dans lesquels le spectateur, au-delà d’une surprise initiale, est invité à se perdre. Son objectif avoué est de subvertir les modes habituels de la sensation visuelle de susciter une errance perceptive qui mène à ce qu’il désigne comme une décohérence de sa réalité. Il en résulte des univers en tension permanente entre des oppositions dialectiques apparemment irréconciliables : figuration-abstraction, ancien-moderne, antique-contemporain, réalité-fiction, réalisme-expressionnisme, présence-absence, vrai-faux, calme-agitation, cohérence-confusion, ordre-chaos, flou-précision, statique-dynamique, narration-affabulation… Et bien d’autres encore… Ces écartèlements sensoriels et cognitifs donnent une immense richesse à ses œuvres qui, selon ses propres mots, veulent « deviser de nouveaux simulacres qui viendront s’ajouter à la réalité du spectateur. »

Jaky La Brune, diplômée de l’École des Gobelins, a fait ses premières armes dans le monde de l’art underground. Elle découvre la peinture en réalisant des pochettes d’album. Elle définit son travail comme étant un exutoire vital qu’elle exprime par la peinture, la sculpture, la performance et la vidéo. Son inspiration plonge ses racines dans sa propre expérience de la vie, dans ses tourments et dans ses interrogations. On pourrait parler d’une forme d’auto-psychanalyse par le biais de ses productions plastiques. Ses thématiques de prédilection sont la violence du sexe, les déchirements de la passion amoureuse, les troubles de l’identité et, plus généralement, les émotions humaines, notamment les rapports plus ou moins inhibés de la douleur et de la sensualité. Les sujets convulsés et les couleurs criardes de ses toiles renvoient aux œuvres des artistes du groupe CoBrA, notamment à celles d’Asger Jorn. D’aucuns pourraient faire un parallèle avec les productions de l’art brut ou singulier des naïfs mais il n’en est rien. En effet, ses compositions, son registre chromatique et ses figurations d’anatomies déformées, malgré leurs excès, témoignent d’une connaissance approfondie de l’histoire de l’art, des primitifs à nos jours. On y retrouvera, d’ailleurs, des références religieuses, chamaniques ou littéraires... Plus du côté de Rabelais que de la comtesse de Ségur ! Jaky La Brune crée aussi des masques, des poupées, des sculptures, des costumes dont elle peut, à l’occasion, se revêtir. Dans ces œuvres, tout comme dans ses peintures, s’exprime un panthéisme rebelle et libertaire explorant un monde imaginaire toujours ouvert et prêt à absorber – à phagocyter, pourrait-on dire – tout ce qui s’en approche… Y compris le spectateur…

La peinture de Jean-Marc Trimouille, colorée, vibrante, vibrionnante, immersive, échappe aux classifications traditionnelles. On y reconnaît l’engage¬ment corporel de l’action painting étasunien avec son objectif d’une non-figuration radicale détachée du réel et, simultanément, une sorte de pulsion de représentation qui pourrait s’inscrire dans la descendance des Nymphéas de Monet. On peut, en effet, y voir des paysages mais leur identification à quelque chose du monde sensible reste illusoire, même si les titres des œuvres peuvent donner une piste ou, peut-être par jeu, nous égarer vers un ailleurs qui se situerait à l’intersection du geste créateur du peintre et de la quête de compréhension du spectateur. C’est dans ce rapport complexe entre l’artiste, son œuvre et son regardeur que se situe l’enjeu de la peinture de Jean-Marc Trimouille. Piège à regards, la toile est à la fois une manifestation – une épiphanie – d’une action fondatrice et un miroir réfléchissant les attentes, doutes, pulsions ou regrets d’un observateur qui doit, à son tour, mobiliser sa conscience, aiguiser son esprit, s’engager pour y pénétrer de plain-pied. Sur ce terrain de jeu, dénué de tout investissement autre que la peinture, ses envoûtements et sortilèges, tout le monde est gagnant… Et l’artiste de conclure : « Ce qui compte en définitive, ce n’est pas le rapport à l’intime, au social, au politique ou à quelque autre cible déterminant une posture critique de convenance ou de confort moral, c’est fondamentalement, toute scénarisation de soi étant superflue, de quoi l’être est fait dans son rapport à l’art. »

Ordonner le chaos à moins qu’il ne s’agisse de déranger l’ordre des choses, telle semble être la démarche de Marie Pernet. Ses peintures recherchent un état d’équilibre, que l’on imagine définitivement instable, entre des formes, des taches, des aplats, des signes, des graffitis à la bombe… le tout dans une joyeuse explosion de couleurs vives que ponctuent des motifs méticuleusement dessinés qui donnent de la profondeur aux compositions. Peinture, collage, écriture, dessin… les techniques se combinent, sans plan ni hiérarchie prédéfinis, pour proclamer haut et fort une liberté qui se joue des conventions plastiques et crée de nouveaux horizons, plus chimériques que factuels, plus mentaux que physiques. Impossible, dans cet univers tourbillonnant, de discerner ce qui relève de l’échelle du microscopique de celle du cosmique, de distinguer le bouillonnement embryonnaire de celui des galaxies, de séparer ce qui préexiste de tout temps de ce qui résulte des tensions inexorablement entropiques de l’univers, de différencier la gestualité expressive de l’artiste de la stabilité de son substrat qui, lui, semble immuable, solidement affirmé et ancré, de faire la part de l’imprévisible accident et du fermement réfléchi. Devant tant de paradoxes, le regardeur, désarçonné, ne peut rester indifférent. Il est inexorablement englouti dans un vortex dont il ne peut s’échapper indemne.

Vogel Apacheta est née à La Paz, en Bolivie, donc à 3 600 mètres d’altitude. Sa peinture, vivement colorée, joyeuse et animée doit évidemment à ces origines latino-américaines et à l’atmosphère quelque peu raréfiée des hauteurs andines. On y retrouve le chaud et le froid des couleurs de son enfance, entre soleil et glaciers, mais revus à l’aune d’une expression qui s’infléchit lors de sa rencontre avec les grands peintres occidentaux, découverts, autrement que par les reproductions dans des livres, assez tardivement dans sa formation, conclue en France, au Mans et à Berlin. L’artiste, qui aimait, dans son adolescence, se définir comme une mythomane, invente et raconte des histoires, mêlant réalité et imagination, dans lesquelles elle est partie prenante, voire le personnage principal. Il en résulte de grandes toiles libres, peintes au sol de son atelier, qui, comme chez Joan Mitchell, n’entrent dans aucune des classifications préétablies par les manuels – toujours simplistes – d’histoire de l’art. Elle n’est ni abstraite, ni figurative... Narrative, sans aucun doute, mais d’histoires dont elle seule connaît la trame et qu’elle ne nous livre que par bribes, par indices souvent indiscernables, laissant le regardeur construire ses propres scénarios, devenir mythomane à son tour… L’exercice peut, selon les propos de l’artiste, se muer en outil de découverte du monde, d’éprouver le réel de nos sociétés, de réfléchir à son avenir ou à sa non-existence, déclare-t-elle. Et d’ajouter : « Je suis curieuse de voir habiter l’individu dans son espace, son environnement avec ses perturbations du quotidien et ses mystères. Je pense qu’il y a une agitation poétique qui se crée entre les surfaces réelles et invisibles, ces espaces que l’on traverse sans s’en apercevoir, nous transformant et nous remplissant d’une mémoire. »

Tags: Alexandre Petrovski Darmon, Flo Jaouen, Jaky La Brune, Jean-Marc Trimouille, Malerei, Marie Pernet, Skulpturen, Vogel Apacheta, Zeichnungen

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